Le Rouge et le noir (Stendhal)


Je n’ai pas eu l’occasion de lire ce roman, – un grand classique de la littérature française – au lycée ou à l’université. Je me le suis procuré quand le jeune homme que je fréquentais m’a dit avoir été nommé d’après Julien Sorel tellement son père aimait Le Rouge et le noir. J’étais alors curieuse de savoir pourquoi. C’était en 2018. A l’époque, je l’avais ouvert mais j’avais à peine réussi à en lire un chapitre : je l’avais donc très vite rangé. Début 2023, je me suis décidée à le ressortir et à le lire… et je l’ai adoré. Ce roman m’a tour à tour fascinée, bouleversée, enchantée. Il a été très difficile pour moi de le refermer et de quitter ses personnages.

Résumé :

Le Maire de la petite ville de Verrières, M. de Rênal, est à la recherche d’un précepteur pour ses trois fils. Il pense que c’est indispensable pour « la considération publique « . M. de Rênal aime montrer qu’il est un homme important et riche. Il choisit donc pour précepteur de ses enfants le troisième fils du charpentier de Verrières. Julien Sorel connait le latin et il peut réciter des passages entiers de la Bible. Mme de Rênal appréhende beaucoup la venue du précepteur mais elle est rassurée en voyant Julien Sorel : c’est un jeune homme de 18 ans aux « traits délicats ». C’est à cause de cette délicatesse que Julien Sorel est maltraité par son père et par ses frères mais grâce à elle qu’il obtiendra les faveurs de Mme de Rênal.

Une fois entré chez les de Rênal, Julien fait forte impression. Il devient presque un membre à part entière de la famille. Mais Julien Sorel garde un goût amer de la différence sociale. Il méprise les riches comme les de Rênal tout en aspirant à devenir lui-même riche un jour. Il décide alors, dans un esprit de conquête (il faut préciser que Julien Sorel est un admirateur absolu de Napoléon), de séduire Mme de Rênal, femme naïve qui n’a que peu vécu et qui n’a jamais connu l’amour. « Cette main se retira bien vite ; mais Julien pensa qu’il était de son devoir d’obtenir que l’on ne retirât pas cette main quand il la touchait. L’idée d’un devoir à accomplir, et d’un ridicule ou plutôt d’un sentiment d’infériorité à encourir si l’on n’y parvenait pas, éloigna sur-le-champ tout plaisir de son cœur » (Editions Seuil, p.73).

Julien Sorel finit par obtenir ce qu’il désire, c’est à dire l’adoration de Mme de Rênal. Ils entament alors une liaison passionnée. Cette liaison doit prendre fin quand des rumeurs les visant commencent à circuler. Julien Sorel s’enfuit pour faire le séminaire à Besançon après avoir passé une dernière nuit avec la femme qui l’aime.

Les temps sont durs pour Julien Sorel au séminaire mais il finit par s’en extraire grâce à l’aide de l’abbé Pirard. Il part alors travailler à Paris comme secrétaire personnel du marquis de La Mole. Il séduit la fille de ce dernier, Mathilde. Avec Mathilde, il connaitra des moments difficiles du fait de l’inconstance et de l’orgueil de la jeune femme mais il atteindra le sommet. Alors qu’il a enfin obtenu tout ce dont il rêvait (des terres, un titre, un nouveau nom -Julien Sorel de La Vernaye -, une femme, et un enfant à naitre), tout s’écroule : Mme de Rênal a envoyé une lettre au marquis de la Mole pour dépeindre Julien comme un séducteur arriviste. Julien retourne alors à Verrières et commet l’irréparable.

Conclusion :

Les 600 pages du roman peuvent effrayer de prime abord mais c’est un roman qui se lit assez rapidement tant on s’attache aux personnages. Bien que Julien Sorel soit le véritable héros de ce roman (c’est son ascension que l’on suit), c’est à Mme de Rênal que je me suis identifiée. Elle a découvert l’amour-passion grâce à Julien et elle s’est brûlée à son contact ; elle s’est compromise par amour. Elle l’aimera d’un amour insensé qui la conduira jusqu’à la mort.

Mme de Rênal et Julien Sorel sont des âmes sœurs. Julien Sorel n’aime pas : il conquiert et il possède. Malgré cela, il garde tout au long du roman un fort attachement pour la femme qui l’a initié à « l’amour » (Julien Sorel peut-il aimer ? rien n’est moins sûr). Mme de Rênal, elle, ne vit plus que pour Julien : si Julien ne vit plus, elle ne peut pas vivre non plus. Cet amour insensé peut paraitre totalement romanesque mais je pense au contraire qu’il peut être bien réel. J’en ai moi-même fait l’expérience. C’est peut-être pour ça que le roman m’a touchée au cœur. Ce qui est sûr, c’est que Le Rouge et le noir ne peut laisser personne indifférent : c’est une histoire d’amour, une histoire d’ambition, une histoire d’ascension et de chute.

Julien Sorel est un conquérant, un homme plein de paradoxes (à la fois sensible et insensible, aimant et calculateur etc.) qu’il est difficile d’apprécier pleinement mais, si une phrase devait résumer le roman, ce serait celle écrite par Mme de Rênal pour lui clamer son amour : « Dis-lui que je t’aime, mais non, ne prononce pas un tel blasphème, dis-lui que je t’adore, que la vie n’a commencé pour moi que le jour où je t’ai vu ; que dans les moments les plus fous de ma jeunesse, je n’avais même jamais rêvé le bonheur que je te dois ; que je t’ai sacrifié ma vie, que je te sacrifie mon âme » (Mme de Rênal à Julien Sorel, p.155).

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