La délicatesse (David Foenkinos)

« Il fallait sûrement y voir quelque chose de simple, et que l’on peut définir ainsi: la peur du bonheur. On dit que l’on voit les plus beaux moments de sa vie défiler avant de mourir. Il parait aussi plausible de voir les ravages et ratages du passé défiler au moment où le bonheur est là, devant nous, avec un sourire presque inquiétant » (Gallimard, p.128).

La délicatesse est un très joli roman de David Foenkinos. J’avais adoré son œuvre Charlotte et je n’ai pas été déçue par La délicatesse. David Foenkinos a un regard particulier sur les choses, sur la vie. J’aime sa façon d’écrire de manière poétique et subtile sur des sujets à priori classiques. Dans ce roman, il est question de relations amoureuses et de destinée.

Tout parait beau et simple au début de l’œuvre alors que rien ne l’est jamais vraiment, exactement comme dans la vie réelle… C’est donc la vie et ses rencontres inattendues que David Foenkinos raconte dans La délicatesse; c’est la vie et ses vicissitudes qu’il saisit avec une justesse et un talent incroyables. En fermant ce roman (que j’ai lu en à peine deux heures), je me suis juste dit: « C’est vraiment très beau ».

Résumé:

Nathalie, une jeune et jolie femme, est abordée par un homme, – François -, dans la rue. Ils se retrouvent autour d’un verre et tombent très vite amoureux. Ils se marient et vivent heureux, un peu comme dans un conte de fée: « Nathalie avait parfois l’impression que les gens enviaient son bonheur. C’était diffus, rien de vraiment concret, juste un sentiment passager » (p.26).

Le conte de fée prend fin le jour où François meurt subitement suite à un accident. Nathalie se retrouve alors seule et désemparée. Son patron, Charles Delamain, vient souvent lui rendre visite. Il est amoureux d’elle depuis des années et il espère pouvoir obtenir ce dont il rêve maintenant que le mari de Nathalie ne fait plus partie du tableau…

Quand la jeune femme retrouve la force de reprendre le travail (elle travaille dans une entreprise suédoise), elle s’y noie totalement et ne compte pas ses heures.  Charles lui offre donc assez rapidement une promotion qui lui permet d’être à la tête d’une équipe de six personnes. Pour fêter cette promotion, Charles l’invite au restaurant. Il lui fait des avances… qu’elle repousse clairement et franchement.

Nathalie ne quitte pas son travail pour autant. Elle s’y investit encore bien plus car ce travail, c’est tout ce qui lui reste: « Elle était fière de ce qu’elle parvenait à faire. Elle passait au bureau même le week-end, emportait du travail chez elle, oubliait les horaires. Il y aurait forcément un moment où elle s’écroulerait d’épuisement, mais pour l’instant elle n’avançait que grâce à cette adrénaline suédoise » (p.66).

Un jour, Nathalie est prise d’une impulsion soudaine alors que l’un de ses subordonnés, Markus, un suédois « doté d’un physique plutôt désagréable » se trouve dans son bureau. Un baiser, un simple baiser, va venir modifier le cours de l’existence de ces deux individus éprouvés par la vie.

« Son sentiment était peut-être exagéré , mais la vitesse de la rumeur alliée à une certaine malveillance, tout cela lui inspirait un dégoût qui faisait écho à cette période trouble. Elle ne comprenait pas pourquoi son histoire avec Markus intéressait autant. Était-ce à cause de lui? De ce qu’il dégageait? Est-ce ainsi que l’on perçoit les unions peu rationnelles? Mais c’est absurde: existe-il moins logique qu’une affinité? » (p.175)

Conclusion:

Encore une fois, ce roman arrive à point nommé dans ma vie. Certaines petites phrases m’ont touchée tout particulièrement et m’ont fait prendre conscience que dans la vie, il faut savoir prendre des risques. Nous sommes gouvernés au quotidien par nos peurs; ces dernières nous dictent la marche à suivre et c’est souvent une erreur… car la peur n’est pas bonne conseillère:

« Il pensa surtout qu’il ne devait plus avoir peur, qu’il avait été ridicule de reculer ainsi, de se protéger. On ne devrait jamais faire l’économie d’une douleur potentielle […] Il continuait de penser que tout cela pouvait le mener vers la souffrance, la déception, l’impasse affective la plus terrifiante qui soit. Pourtant, il avait envie d’y aller. Il avait envie de partir pour une destination inconnue. Rien n’était tragique. Il savait qu’il existait des navettes entre l’île de la souffrance, celle de l’oubli, et celle, plus lointaine encore, de l’espoir » (p.137).

Je dois dire que ce roman m’a fait forte impression. Il est riche en poésie et en espoir. J’aime vraiment la plume de David Foenkinos et chacune de ses œuvres est un régal.